1 - Les gelures
Les gelures sont des lésions localisées causées par l’action directe du froid, au cours d’une exposition plus ou moins longue à une température inférieure à 0°C
Son installation nécessite plusieurs heures dans des conditions extrêmes de froid et de vent.
L’installation d’une gelure est insidieuse car les signes sont pauvres :
- blancheur des extrémités
- perception de picotements
- diminution puis disparition de la sensibilité
- limitation de l’usage des doigts et des orteils
On peut distinguer 4 degrés de gravité d’une gelure :
Degré 1 :
- la sensibilité revient après réchauffement (bain d’eau chaude, massage doux)
- la couleur rose reprend le dessus
conduite à tenir : il n’y a pas de danger et l’on peut reprendre l’activité avec prudence
Degré 2 :
- la perte de sensibilité persiste
- les dernières phalanges des doigts ou des orteils restent bleues ou violacées
- apparition de petites phlyctènes (bulles de liquide) en 24 à 48h
Conduite à tenir : il faut arrêter l’exposition au froid, rejoindre le plus vite possible un abri pour le réchauffement, prendre si possible un peu d’aspirine.
Degré 3 :
L’insensibilité et l’aspect bleuté remontent au-dessus des dernière phalanges, mais ne remontent pas sur la main ou l’avant-pied
conduite à tenir : il faut essayer très vite de les réchauffer dans l’eau chaude et se faire évacuer en urgence vers un hôpital de proximité. En expédition un rapatriement rapide s’impose.
Degré 4 :
l’insensibilité et l’aspect bleuté remontent sur la main ou sur l’avant-pied
Conduite à tenir : il faut essayer très vite de les réchauffer dans l’eau chaude et se faire évacuer en urgence vers un hôpital de proximité. Ne surtout pas laisser les pieds hors des chaussures car ils risquent de gonfler rapidement, empêchant ainsi de se rechausser.
C’est le réchauffement qui va mettre en évidence la gravité de la gelure car la lésion est plus évidente, les limites de son extension et va déterminer le choix du traitement.
Dans un délai de 12 à 24h vont apparaître des phlyctènes remplies de liquide clair (gelure 2ème degré) ou de liquide séro-hématique (gelure 3ème degré)
Au bout de quelques jours, les gelures graves vont se matérialiser par des signes de nécroses, extrémités grises sombres, voire noires.
Conduite à tenir en cas de froid extrême :
- maintenir les extrémités sensibles (réchauffement des doigts, mobilité des orteils, protection du visage)
- entretenir la chaleur aux extrémités par différents moyens actifs (rotation des bras, percussion des genoux fléchis) On peut masser les extrémités sensibles, mais il faut éviter les frictions trop agressives
- Ne pas hésiter à changer de gants, supprimer le garrotage des vêtements aux poignets, desserrer les chaussures, changer les vêtements de corps humides
- boire selon les possibilités(la déshydratation provoquée par le manque de boissons et les effets du froid accentue la viscosité sanguine et rend moins efficace la perfusion des extrémités)
- Absorber un comprimé d’aspirine 250mg ce qui fluidifie légèrement le sang.
Conduite du réchauffement :
- réchauffement rapide dans de l’eau tiède à 37-38°C (eau rendue aseptique par l’ajout de quelques gouttes de bétadine) pendant 1h
- l’immersion de la partie gelée peut être très douloureuse : la gelure sera dans ce cas superficielle et le réchauffement de courte durée
- Si l’immersion est insensible, la gravité de la gelure est plus élevée. Dans ce cas, il faut prolonger le bain et s’assurer de la température de 38°C en ajoutant de l’eau chaude régulièrement
- réhydratation avec une quantité supérieure à 1L de liquide tiède
- lutte contre l’infection locale par des pansements protecteurs et traitement antibiotique préventif.
- toute gelure de stade supérieur à 2 (persistance d’une coloration violacée après le réchauffement) doit être prise en charge en milieu médical spécialisé.
Cas particulier de la gelure de cornée (oeil) :
L’oedème ou la gelure surviennent la nuit ou petit matin lorsque la température est la plus basse et que l’alpiniste/randonneur est exposé au vent latéral (pas de lunettes)
La sensibilité de la cornée est diminuée et non douloureuse, contrairement à l’ophtalmie des neiges (brûlure)
Le symptôme majeur est la diminution de l’acuité visuelle
Les symptômes régressent rapidement s’il s’agit d’un oedème et dans un délai de 48 à 72h s’il s’agit d’une gelure.
2 - L'hypothermie
L’hypothermie peut être isolée (sujet égaré, changement de T° soudain..) ou associée à un traumatisme.
Une hypothermie associée à un traumatisme augmente la vitesse du refroidissement et donc la gravité.
Stade 1 – hypothermie légère entre 35° et 32°C :
sensations de froid et frissons plus ou moins généralisés. La personne est consciente et insiste sur la nécessité de réchauffement
Stade 2 – hypothermie modéré entre 32° et 28°C :
Les frissons disparaissent vers 32°C. Troubles de la vigilance, obnubilée (délires, hallucinations), agitée ou somnolente. La ventilation et la fréquence cardiaque diminuent.
Stade 3 – hypothermie grave entre 28° et 24°C :
Sujet dans le coma +/- réactif. Il fait des pauses respiratoires, présente une rigidité musculaire, et l’on remarque un trismus (contraction constante et involontaire des muscles de la mâchoire). La victime est instable, il faut la manier avec précaution (pas de réchauffement énergiques), elle est exposée au trouble du rythme cardiaque
Stade 4 – entre 24° et 13°C :
Etat de mort apparente, pas de signe vital. Rigidité musculaire très importante, sujet dans le coma et mydriase aréactive (pupille dilatée ne réagissant pas à la lumière)
Le coeur est à l’arrêt, pas de pouls, risque de fibrillation cardiaque important. Thorax et abdomen dépressibles (possibilité d’enfoncer le thorax et l’abdomen facilement)
Stade 5 – décès, T° inférieure à 13°C :
Thorax et abdomen ne sont pas dépressibles
Toujours manipuler avec précaution une personne en hypothermie pour ne pas causer un arrêt cardiaque
Il ne faut surtout pas entreprendre une RCP (réanimation cardio-pulmonaire) en cas d’hypothermie sévère, sans avis médical
Conduite à tenir :
- Soustraire le plus rapidement possible la victime de l’action du froid, en la manipulant avec précaution
- changer les vêtements mouillés, stimuler, apport de boisson chaude
- alerter les secours
- soutenir la victime en restant proche d’elle
- si haute altitude mise en caisson hyperbare pour apport d’oxygène
2 - L'avalanché
Les chances de survie dépendent de la durée d’ensevelissement.
Après avoir sécurisé la zone d’intervention et alerter les secours :
Si la victime est consciente :
- la dégager avec le maximum de précautions
- préparer ou faire préparer une zone de réception pour la victime
- considérer la victime comme potentiellement traumatisée, hypotherme et en détresse respiratoire
- réaliser un bilan
- mettre en oeuvre les gestes de secours qui s’imposent
- transmettre les éléments recueillies aux services spécialisés
- couvrir la victime
- la surveiller jusqu’à l’arrivée des secours
Si la victime est inconsciente :
- vérifier si l’on observe une poche d’air devant son visage
- dégager rapidement la victime en respectant autant que possible l’axe cou-tronc
- préparer ou faire préparer une zone de réception pour la victime
- observer si les voies respiratoires sont obstruées par un bouchon de neige
- réaliser 5 insufflations initiales
- transmettre les éléments recueillis aux services spécialisés
- poursuivre les manoeuvres RCP jusqu’à l’arrivée des secours
Sources : cours UF3 2016 – « Référentiel de secourisme adapté au métier de guide haute montagne » – A.Mallon – JS Knoertzer – Dr JP Herry – CNISAG – P. Kérivel