Le Cerf élaphe (Cervus elaphus)
Classe des mammifères, ordre des artiodactyles, famille des cervidésLe cerf élaphe est appelé aussi cerf rouge ou cerf d’Europe
Une femelle se dénomme faon jusqu’à l’âge d’un an, bichette entre un et deux ans, puis biche au delà. Les biches adultes sont parfois qualifiées de grandes biches. Une biche est dite suitée si son faon l’accompagne, meneuse quand elle se trouve en tête d’une harde qu’elle semble diriger.
Le faon naît couvert d’une livrée brun clair tachetée de blanc qui disparaît vers 2-3 mois.Un mâle est faon jusqu’à l’apparition de ses pivots, vers 6-8 mois.
Au delà et jusqu’à l’âge d’un an on le dénomme hère.
Après un an, il porte des bois et se dénomme daguet, puis cerf portant 6 ou 10 cors, suivant la ramification de ses bois.
Le daguet porte deux dagues, le 10 cors cinq andouillers sur un merrain au moins.On parle aussi de cerf de 1er, 5e ou 10e tête suivant qu’il a des bois pour la 1er, 5e ou 10e année. Généralement, le cerf de 1er tête est daguet, et ces deux termes sont souvent confondus.
Reconnaissance des sexes
Avant l’âge de six mois, elle est pratiquement impossible.
Après huit mois, la présence de pivots, et par la suite de bois, différencient le jeune mâle.
Lorsqu’il a perdu ses bois, le cerf adulte se reconnaît à sa grande taille, à son corps trapu, à son encolure développée. Pendant le rut, le cerf porte une tâche abdominale sombre, le tablier et un pelage très long sur l’encolure, la crinière ou le fanon.Pelage des adultes
Le pelage des deux sexes est globalement roux en été avec une ligne noire sur l’échine et gris brun en hiver.
Les mues ont lieu :
- D’avril à juin, l’animal perd son pelage d’hiver par plaques entières et paraît en piteux état.
- En septembre-octobre , la modification est moins nette.
Poids du cerf
A la naissance le faon pèse 6 à 9 kg suivant l’origine et les conditions de vie.En moyenne, les mâles pèsent 500g de plus de les femelles.
Durant les premiers mois de la vie, la croissance est rapide. Le faon prend 300à 400g par jour et atteint 45 à 60 kg à 6 mois. La croissance se prolonge jusqu’à 3-4 as chez la biche et 5-7 ans chez le cerf, pour atteindre respectivement 90 à 130 kg et 160 à 230 kg.
La richesse alimentaire du milieu détermine la vitesse de croissance. Des conditions d’alimentation difficiles la ralentissent généralement.
Pendant le rut le cerf ne s’alimente plus et peut perdre jusqu’à 20% de son poids. Si l’hiver est rude et prolongé, la perte de poids peut atteindre 3% chez le mâle et les femelles.
Détermination de l’âgeLa détermination de l’âge par observation de l’animal en nature est imprécise. Toutefois la stature permet de différencier plusieurs classes :
chez le mâle :
- faon et hère,
- cerf de 1’ tête ou daguet,
- jeune cerf, 2 à 3 ans,
- cerf subadulte et adulte, 4 à 7 ans,
- cerf mûr, 8 ans et plus.
La ramure apporte des informations supplémentaires :
- les bois de cerf de 1’ tête sont quelquefois ramifiés, mais ne portent jamais de meule à leurs bases ;
- chez le cerf âgé, la masse du bois est souvent concentrée dans sa partie inférieure.
Le nombre d’andouillers n’indique absolument pas l’âge du cerf.
chez la femelle :
- faon, bichette, biche.
La biche très âgée est généralement maigre, sa tête paraît longue et décharnée.
L’appréciation de l’âge d’un animal capturé vivant ou mort s’effectue par l’examen :
- de la denture jusqu’à 30 mois ;
- de l’usure des molaires et prémolaires de la dentition définitive, au-delà de 30 mois.
Réalisées en laboratoire, la coupe dentaire et l’observation des dépôts de cément permettent une meilleure estimation de l’âge.
Formule dentaire de l’adulte
0 1 3 3
I, C, P, M.
4 0 3 3Des canines, appelées crochets, subsistent sur le maxillaire supérieur.
Ramure du cerf
Les bois du cerf sont des productions osseuses qui, comme chez tous les cervidés, tombent et repoussent chaque année. Il est délicat de leur attribuer un rôle précis, même s’ils sont utilisés régulièrement dans le combat ou la défense, dans la reconnaissance interindividuelle ou lors de la prise de nourriture.
Leur développement est lié au cycle sexuel et particulièrement à la production de testostérone. Aussi un dysfonctionnement hormonal a-t-il généralement des conséquences sur la production des bois.
Les pivots, excroissances osseuses particulièrement importantes, abritent l’assise génératrice des bois. Le pivot est capable de s’autorégénérer en cas de fracture mais ce traumatisme engendre, par la suite, une malformation des bois.
Les cerfs perdent leurs bois entre février et mi-avril ; les plus jeunes les perdent en dernier. La repousse et la minéralisation de nouveaux bois sont rapides. Elles se terminent en juillet-août par la frayure, ou chute du velours, et la coloration.
La longueur des merrains, le volume et la masse des bois augmentent régulièrement avec l’âge, mais pas le nombre d’andouillers.
Pour un milieu donné, le développement des bois dépend surtout du potentiel génétique du cerf. Il existe une grande variabilité dans la forme, le nombre d’andouillers, la longueur des bois d’individus de même âge. Il n’y a pas de corrélation entre leur taille et la capacité reproductrice.
L’expression totale du patrimoine génétique n’est possible que si les conditions d’environnement (nourriture, quiétude) sont favorables.
Caractères biologiquesAlimentation
Les besoins alimentaires naturels sont maximaux au printemps et en été (repousse des bois des mâles, fin de gestation et lactation des femelles) et minimaux en hiver. La chasse conduit à une forte augmentation de l’activité hivernale et peut provoquer un besoin supplémentaire à cette saison.
Le rythme d’activité est polyphasique : 4 à 6 périodes d’alimentation quotidiennes, dont les plus importantes ont lieu au crépuscule et à l’aube, sont entrecoupées de phases de rumination.
Le cerf élaphe est classé dans les « graseurs » : son système digestif lui permet de digérer les aliments fortement cellulosiques.Espèce de milieu ouvert, il recherche les espèces de lumière. Son alimentation s’adapte à la disponibilité, déterminée par le milieu et la saison. Sur une année son régime est majoritairement composé de plantes herbacées, parmi lesquelles les graminées représentent entre le tiers à la moitié de la consommation totale annuelle. Quand elles existent, les espèces agricoles peuvent être consommées au gré des saisons : céréales en hiver et au stade épiaison, colza en hiver (espèces de disette utilisées quand les autres ressources sont épuisées).
A titre d’exemple, le régime annuel établi sur un cycle annuel sur le site de la Petite Pierre (milieu forestier sur sol siliceux acide à productivité faible) :
- Printemps : composé majoritairement d’herbacées, complété de sous ligneux (ronce, framboisiers et myrtilles), de feuilles d’essences feuillues (hêtre, érables et chêne), de rameaux de résineux (épicéa, pin sylvestre et sapin) et de feuilles de fougère (spinuleuse et mâle) ;
- Eté : baisse légère des herbacées et sensible des résineux, compensée par une progression sensible des sous ligneux et des feuillus ;
- Automne : poursuite de la baisse des herbacées compensée par une nouvelle progression des sous ligneux, baisse des feuillus compensée par une hausse des fougères et des feuilles mortes ;
- Hiver : baisse des herbacées et des sous ligneux compensée par la nette augmentation des résineux et la consommation de rhizomes (fougères).
Organisation sociale
L’organisation sociale de cette espèce sociable est matriarcale. Le faon accompagne régulièrement sa mère à partir de l’âge de 3 mois environ. Une jeune femelle reste avec ou à proximité directe de celle-ci toute sa vie (philopatrie) tandis qu’un jeune mâle la quitte vers l’age de 18 à 24 mois pour rejoindre d’autres mâles.
Mâles et femelles adultes vivent séparés la majeure partie de l’année. Les hardes matriarcales sont composées de biches et leur faons, de bichettes (yearlings femelles) et une partie de l’année de jeunes cerf (yearlings mâles). La taille des groupes matriarcaux est plus forte en milieux ouverts qu’en forêt. En hiver, le regroupement de plusieurs hardes peut conduire à la formation de groupes de plusieurs dizaines d’individus.
Les mâles de deux ans et plus vivent en hardes dont la cohésion varie au cours des saisons. Au printemps, durant la repousse des bois, ils forment des groupes très importants qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de têtes. En été, à l’approche du rut, les groupes se disloquent et la hiérarchie s’affirment : les adultes sont individualistes et rejoignent les femelles tandis que les plus jeunes forment de petits groupes. Après le rut, à partir de novembre, les mâles se regroupent progressivement.
Le domaine vital
Mâles et femelle adultes sont sédentaires sur leur domaine vital mais leur activité s’organise différemment.
En moyenne le domaine vital d’une biche couvre 500 à 2000 hectares : sa superficie est déterminée par la distribution des sources d’alimentation et des zones de protection. Il est centré sur la forêt la femelle semble attachée à quelques zones protectrices qui constituent le cœur de son domaine vital dont la superficie ne dépasse pas quelques centaines d’hectares. Pour optimiser le rapport coût (déplacement) – bénéfice (alimentation), elle cherche à réduire la distance entre ses zones de remise diurnes (peuplement forestier dense, friche épaisse) et les zones d’alimentation nocturnes, souvent constituées de zones ouvertes (prairies, cultures, clairières). Suivant les conditions de sécurité diurnes, la distance est plus ou moins importante. Il lui arrive aussi de se réfugier temporairement sur un secteur éloigné, en particulier en période de chasse. Une réserve, un lot moins chassé ou relativement plus calme accueillent souvent une densité importante durant l’automne et l’hiver. Ainsi, en plaine, la chasse est un des facteurs importants des déplacements des femelles.
Le domaine vital d’un mâle adulte peut couvrir plusieurs milliers d’hectares, mais ses déplacements montrent de fortes variations saisonnières. Schématiquement, on distingue la zone de rut (mi août à novembre) et la zone de repousse des bois (février à juillet). D’octobre à janvier, le cerf circule entre ces deux secteurs, recherchant d’une part d’éventuelles biches en oestrus tardif et tentant d’autre part d’éviter les dérangements liés à la chasse. Généralement, 5 à 10 kilomètres séparent les deux zones (il a parfois été observé des distances supérieures à 30 kilomètres), mais leur surface cumulée couvre souvent moins de mille hectares . La zone de rut est évidemment vive en biche et se situe donc dans le massif forestier tandis que la zone de repousse des bois est souvent située en périphérie, sur un secteur pauvre en femelles, mais riches en ressources alimentaires.
Durant le rut, l’activité du cerf varie suivant que l’on se trouve en forêt ou en milieux ouverts. Sur ces derniers, il adopte un comportement de type territorial, séjournant sur un petit secteur dont il tente d’interdire l’accès à ses concurrents. En forêt, le cerf circule sur une zone de rut de quelques centaines d’hectares, à la recherche des femelles réceptives. On l’observe souvent en présence de biches sur un pré ou une clairière, mais il ne semble pas y avoir de territorialité. Le comportement de rut n’est cependant pas totalement élucidé. Si est évident que le cerf rejoint les biches, il n’est pas impossible que les biches, elles aussi, se regroupent durant cette période. Elles rechercheraient de préférence la zone de rut d’un mâle dominant, profitant de sa protection contre les harassements incessants de cerfs plus jeunes dont elle serait victime en cas de choix différent.Durant la repousse des bois, le cerf est sédentaire, particulièrement quand la végétation a atteint son plein développement et offre une bonne protection et une alimentation riche. Le cerf adulte peut alors séjourner plusieurs semaines sur quelques hectares, parfois situés à proximité immédiate des habitations. Il assure ses grands besoins énergétiques par une activité alimentaire incessante, perdant parfois sa discrétion habituelle, d’autant qu’il séjourne alors au sein de groupes importants.
Le choix du domaine vital et la sédentarisation des femelles et des mâles obéissent à des mécanismes différents. La jeune femelle est philopatrique et, après son deuxième faon, s’installe à proximité directe de sa mère avec laquelle elle garde des contacts toute sa vie durant. Ainsi, les individus qui composent les grands groupes hivernaux sont-ils généralement apparentés. L’émancipation définitive du jeune mâle intervient généralement au cours de la deuxième année de vie. Son mécanisme n’est pas encore totalement élucidé, mais on observe qu’il adopte alors un comportement très erratique. Certains jeunes cerfs quittent totalement le secteur de leur unité familiale et émigrent. D’autres semblent erratiques sur un vaste secteur qui englobe celui de leur prime jeunesse. Cette grande mobilité temporaire, sans organisation apparente, dure deux à trois ans et les prémices de leur sédentarisation apparaissent vers l’age de quatre à cinq ans. Il semble que l’adoption d’un domaine vital binucléé (zone de rut et de refait) n’intervienne pas avant cinq à six ans.
Reproduction et survie
La maturité sexuelle est atteinte vers dix huit mois chez les mâles et entre dix huit et trente mois, voire plus chez les femelles, chez lesquelles l’acquisition d’une masse corporelle totale d’environ 60 kilogrammes est nécessaire pour la première reproduction.
La participation à la reproduction varie avec les conditions de vie des animaux (densité dépendance). On observe une forte variabilité chez les jeunes femelles chez qui la proportion des gravides varie de 20 à 80 %, tandis qu’elle fluctue peu, entre 80 et 95 % chez les biches adultes. Sous des conditions de forts déséquilibre (certaines populations écossaises) , les bichettes ne reproduisent pas et les biches adultes reproduisent une année sur deux. En France, les densités sont généralement moindres et les conditions d’équilibre meilleures et les femelles reproduisent probablement chaque année jusqu’à leur mort.
Une biche produit un faon par an (6 à 9 kilogrammes, mâles plus lourd que les femelles).Mâles et femelles peuvent vivre jusqu’à plus de 15 ans.
La survie est encore insuffisamment étudiée (données d’Ecosse, en situation fortement déséquilibrée, et données encore provisoires à la Petite Pierre). L’effet de la densité est observé dans les deux milieux, les mâles souffrant plus que les femelles en situation de déséquilibre population-environnement :
- Faons : survie de 50 à 70 % en situation défavorable (pertes plus marquées chez les mâles), 85 à 90 % en situation favorable (pas d’effet sexe) ;
- Yearlings : 70à 85 % en situation défavorable (pertes plus marquées chez les mâles), pas renseignée en situation favorable ;
- Sub adultes et adultes : plus de 90 % dans tous les cas ;
- Sénescence : chute brutale de la survie chez les mâles, moins marquée chez les femelles, au delà de 8 ans en situation défavorable (inférieure à 50 %), résultats non connu en situation plus favorable.
L’effet de déséquilibres importants entre la population et son milieu se traduisent par l’apparition de phénomènes de régulation : baisse de la survie juvénile chez les mâles, retard de la puberté chez les femelles, apparition plus précoce des phénomènes de sénescence et réduction de la survie des animaux âgés conduisant à un effondrement rapide de la population au delà de 8-10 ans.
Source : OFB