L’épreuve d’orientation du probatoire de la deuxième session 2024 Occitanie s’est déroulée sur la station de ski des Angles dans les Pyrénées Orientales. Une première pour les Pyrénées Orientales qui n’avaient jamais accueilli cette épreuve depuis que le diplôme est un Diplôme d’Etat et non plus un BE.
113 candidats inscrits sur les listes, 90 au départ.
Météo très fraiche, un vent à décorner les boeufs, et du brouillard sur les hauteurs.
J’étais sur place puisque c’est mon « jardin » et terrain de jeu.
Premier départ à 7h40, et la suite toutes les minutes.
Retour sur une épreuve qui s'est révélée très sélective
Section 1, du départ à la balise 4, de difficulté classique pour une première porte horaire.
Ce qui n’a pas empêché une bonne vingtaine de candidats d’être éliminé sur cette section. Beaucoup ont grenouillé sur leur balise 2, car ils se sont trompés de piste à leur descente de la 1. Sur la carte, il y a un sentier en pointillé qui en réalité est une piste de même importance que la piste du dessous, balisée en rose, et de nombreux candidats ont pris la première pour la seconde. Je ne le répéterai jamais assez, mais par défaut votre carte est fausse, et il ne faut pas se fier uniquement aux chemins, mais se focaliser plutôt sur l’altitude, le relief et les distances. Ici typiquement, les candidats n’ont pas su évaluer la distance qu’ils avaient parcouru, ne se sont pas fier à leur altitude et n’ont surtout pas orienté leur carte, car s’ils l’avaient fait, ils auraient tout de suite vu que la direction de la piste sur laquelle ils se trouvaient ne correspondait pas à celle sur laquelle ils croyaient être.
Section 2, section physique, des portions où les candidats ont pu perdre du temps
La section 2, section « physique », de la balise 4 à la 12, comportait quelques passages hors sentiers, hors pistes de ski, qui pouvaient faire perdre du temps, surtout dans les parties descendantes. En effet, sur cette section, c’est en général lorsque l’on prend du D+ que l’on arrive à gagner du temps sur le timing, et non sur les parties descendantes ou le plat, surtout lorsque ces parties sont peu roulantes. Ceux qui ont emprunté, par exemple, le talweg qui va de la 7 à la 8 l’ont regretté.. Ils y ont perdu beaucoup de temps. Certains candidats ont été éliminés sur cette section.
Section 3, section terrain technique, cherche candidat ayant réussi dans les temps..
La section terrain varié montagnard, de la balise 12 à la 13, a du logiquement éliminer également beaucoup de candidats, très peu de ceux que j’ai vus à l’arrivée avaient réussi à être dans le temps imparti de 24′ pour les hommes et 26′ pour les femmes.
Section 4, section orientation fine, sympa le micro relief des Pyrénées Orientales!
La dernière hécatombe fut celle de la dernière section qui était sur ce parcours la section d’orientation « fine ». Partie la plus technique à effectuer après 5h de course et une bonne quantité de dénivelé dans les pattes.
Je connais bien ce terrain et j’en connais la difficulté en termes d’orientation et de praticabilité.
Le tronçon le plus compliqué était celui de la balise 16 à la 17. L’orientation dans ce coin est rendue difficile en raison d’un important micro relief qui ne figure pas sur la carte au 25000°. Difficile de se repérer précisément, difficile de déterminer des lignes d’arrêt, des points d’appuis. Il fallait avoir une bonne lecture du relief, et pouvoir évaluer la distance parcourue sur un terrain chaotique. On ne se rend pas compte en regardant la carte, mais chaque sortant présente des escarpements rocheux des fois infranchissables, chaque rentrant est occupé par des arbres en travers, chaque replats par des mouillères, ce qui rend le déplacement très compliqué et donc lent. Conserver le bon azimut peut être compliqué aussi. Bref, il est facile de se perdre et de ne pas savoir comment se recaler et de perdre beaucoup de temps. Beaucoup de candidats n’ont jamais trouvé leur balise 17.
Cette dernière section demandait donc une très bonne expertise en orientation pour compenser les difficultés liées au terrain. Les timing étaient vraiment très très short.
Les candidats ayant réussi cette épreuve ont d’autant plus de mérite
Mais pourquoi ?
En conclusion, cette épreuve s’est avérée très sélective. Au final, seuls 4 ou 5 candidats ont réussi dans les temps avec toutes les balises. Un petit nombre a poinçonné toutes les balises, mais avec des temps supérieurs aux temps impartis.
Je ne sais pas si le jury décidera de repêcher des candidats qui ont toutes les balises et qui sont arrivés hors délais. Nous le serons sûrement après la validation des résultats en commission.
Alors pourquoi une épreuve aussi sélective ? Je n’ai pas la réponse, mais on peut cependant s’interroger sur le fait que, par exemple, il n’y ait pas eu d’entrée en formation pour ceux qui ont réussi le proba en début d’année 2024, car ça bouchonne et qu’il n’y a pas de place en formation. Ceci augmente le nombre de candidats qui vont rentrer en formation en 2025. Serait-il donc impossible de caser tous les candidats ayant eu le proba à cette session ? Le CNSNMM a-t-il besoin de réduire les quotas de réussite au proba ?
Les voix du Seigneur sont impénétrables, nous n’aurons donc pas la réponse.
Mise à jour du 5 octobre 2024
La commission d’examen a validé des temps de repêchage. Un pourcentage de temps supplémentaire, que j’ignore, a été appliqué à chacun des parcours, sur les section 3 et 4. Des candidats ayant poinçonné toutes les bonnes balises, mais étant hors délais, ont donc été rattrapés.
Après validation, les résultats sont donc :
91 partants
- 21 éliminés à la section 1
- 34 abandons sur l’épreuve
- 16 candidats ayant poinçonné toutes les balises
- 15 admis (qui étaient donc dans les temps initiaux, ou qui sont passés avec le temps supplémentaire accordé)
- Reste 20 candidats éliminés à la Section 2 ou n’ayant pas toutes les balises ou pas les bonnes.
Voici quelques unes des cartes de cette épreuve dantesque
- Section 1, jusqu’à la balise 4 : 1h00′ – 1h18′ (femmes)/ 1h12′ (hommes)
- Section 2, balise 4 à 12 : 2h44′ – 3h33’/3h17′
- Section 3, 12 à 13 : 24’/26′
- Section 4, balise 13 à l’arrivée : 1h47′ – 2h19’/2h09′
- Section 1, jusqu’à la balise 4 : 1h02′ – 1h21′ (femmes)/ 1h15′ (hommes)
- Section 2, balise 4 à 12 : 2h44′ – 3h33’/3h17′
- Section 3, 12 à 13 : 24’/26′
- Section 4, balise 13 à l’arrivée : 1h39′ – 2h08’/1h58′
Merci Marie Pierre pour ce retour. En regardant les cartes, je me suis dis aïe aïe aïe. Tu étais jury sur le parcours ?
Salut Fred, euh non, je ne fais pas partie du jury, je fais plutôt partie des fiché S moi!)))
Merci Marie Pierre pour cette analyse très pertinente à laquelle je souscris totalement. Je fais partie de ceux qui ont coché toutes les balises (du moins je l’espère…) et qui prient pour qu’un assouplissement des délais soit décidé.
Le temps imparti pour la partie technique était en effet très très court… J’ai marché rapidement voire couru quand c’était possible (avec mon sac à 12kg et sur un terrain très pentu, donc pas comme une gazelle non plus…) , et j’ai fini en 33′. J’aurais peut être pu aller un peu plus vite, mais en prenant bien plus de risques (style « ça passe ou ça casse »), ce qui n’est clairement pas le but de l’épreuve (cf règlement de l’épreuve- https://sites.google.com/view/probaamm/r%C3%A8glement-de-l%C3%A9preuve-pratique: « Il appartient aux candidats d’évoluer avec prudence pour leur propre sécurité – Les candidats doivent être particulièrement attentifs aux risques de chutes et de glissades, aux chutes de pierres et d’arbres »). Quoiqu’il en soit, faire moins de 24′ sur ce tronçon relève davantage du trail que de la marche en montagne.
Concernant la partie orientation, j’imagine que les délais impartis sont simplement l’application des 12’km Effort en distance topo. Comme tu le dis, le terrain était hyper compartimenté et très bahuté, ce qui ne permettait pas d’aller bien vite. De surcroit, la balise 17 était techniquement très difficile, car sans point d’attaque évident. Après avoir essayé de l’avoir au nivellement (malgré l’imprécision de la carte), j’ai dû aller chercher un point d’attaque au delà de cette balise (angle de ligne électrique). J’ai au final perdu 15-20′ sur cette balise. Le terrain entre la balise 17 et la balise 18 n’étant pas du tout roulant, je n’ai pas pu rattraper mon retard et suis arrivé hors délais de 15-20′.
J’ose espérer que la difficulté de l’épreuve n’ait pas de lien avec l’actuel sur-effectif de candidats. Ce serait particulièrement injuste vis à vis des candidats de cette cession, dont beaucoup ont fait des centaines de km et pris des jours de congés pour faire ce proba. Si le quota de candidats était atteint et que le CNSNMM n’en voulait plus d’autres, il aurait fallu annuler la cession. J’espère franchement que ce n’est pas ce qui explique la difficulté de ce proba.
Bonjour Marie-Pierre et merci énormément pour ton partage et ton excellente analyse ! On se sent soutenu grâce à toi !
Salut !
merci pour ce retour, il est effectivement clair et reflète bien ce qu’on a vécu jeudi dernier.
j’ai la chance d’avoir réussi dans les temps la course.
Je confirme donc que les sections 3&4 étaient ce que j’ai pu voir de plus dur depuis que je m’entraîne au proba.
J’ai bipé 30sec avant la fin du temps sur ces deux sections (OUF !).
Disponible avec plaisir pour en parler si besoin/envie.
A plus
Bonjour à tous,
L’analyse est exactement celle faite en revenant au départ … après avoir fini à une minute du temps maximal pour cette section 4, qui en effet semblait un réel cran au-dessus techniquement (ou temporellement) et physiquement par rapport aux premières sections.
Bravo Léonard, tu as donc eu la langue pendue et le stress de fin de section … lol