Le Mouflon méditerranéen

Le Mouflon méditerranéen (populations continentales) (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.)
Classification (Classe, Ordre, Famille) : Mammifères, Artiodactyles, Bovidés (Caprinés)

La taxonomie du Mouflon de Corse a fait l’objet de récentes révisions. La sous-espèce dénommée traditionnellement « Mouflon de Corse » (Ovis ammon musimon) prend la dénomination « Ovis gmelini musimon » avec trois variétés : Mouflon de Corse (var. corsicana), Mouflon de Sardaigne (var. musimon) et Mouflon de Chypre (var. option).

Les Mouflons introduits en Europe et plus ou moins hybridés avec des moutons domestiques ou d’autres Mouflons sont regroupés et nettement distingués sous l’appellation de « Mouflon méditerranéen » (O. g. musimon x Ovis sp.).
Les annexes II et IV de la directive habitats ne font explicitement référence qu’aux « populations naturelles – Corse et Sardaigne » d’Ovis ammon musimon.
Une fiche séparée traite donc uniquement du mouflon de Corse en Corse.
Cette fiche est consacrée en conséquence exclusivement aux populations continentales.
La terminologie utilisée sera la suivante : Mouflon méditerranéen ou Mouflon, pour la variété hybride, et Mouflon de Corse pour la variété corsicana.

Critères de détermination du sexe et de l’âge

Le Mouflon est un des plus petits mouflons d’Eurasie. Comme tous ses congénères, il présente un dimorphisme sexuel et saisonnier très prononcé. Mâle adulte : poids, environ 3 5-50 kg ; longueur, environ 130-140 cm ; hauteur au garrot, environ 75 cm. Femelle adulte : poids, environ 25-35 kg ; longueur, environ 120-130 cm ; hauteur au garrot, environ 65 cm.

Les deux cornes du mâle, présentes systématiquement, sont triangulaires à la base et généralement symétriques ; elles peuvent atteindre 90 cm de longueur ; leurs courbures sont très prononcées et différentes suivant les origines des populations. Chez les femelles cornues, les cornes sont courtes et souvent dissymétriques.

Chez les mâles, plusieurs critères permettent de distinguer, tout au long de l’année, quatre classes d’âge : les sujets de 1ère année ou classe A, les sujets de 2ème et 3ème année ou classe 1, les sujets de 4e, 5e et 6e année ou classe 2 et les sujets plus âgés ou classe 3. Ce sont :

  • la taille : elle permet de reconnaître d’emblée les mâles de 1ère et 2e année ;
  • l’allure générale : les membres antérieurs paraissent longs et graciles chez les jeunes du fait de leur cage thoracique peu profonde. Avec l’âge, le cou s’épaissit, l’échine se creuse, le garrot devient proéminent ;
  • le profil de la tête : courte, en forme de coin chez l’agneau, elle s’allonge et s’élargit en vieillissant. Le chanfrein, d’abord droit, commence à se bomber chez les jeunes, devenant franchement busqué chez les adultes et les vieux. Le relief des orbites s’accentue. La nuque forcit ;
  • le pelage d’hiver : presque absentes chez l’agneau, les taches faciales blanches ont tendance à s’étendre avec l’âge vers la mâchoire inférieure, le chanfrein et les orbites. Les agneaux ne sont jamais pourvus de selle, les jeunes de 2e et 3e année rarement. Le jabot n’est développé et bien fourni que chez les adultes et les vieux mâles ;
  • les cornes : l’orientation de la pointe et sa position par rapport à des repères tels que la bordure postérieure du cou, la ganache et l’oeil sont les meilleurs critères d’estimation de l’âge du mâle en nature. Ils n’en demeurent pas moins approximatifs, l’âge n’étant pas leur unique déterminant : la courbure des étuis, l’importance des accroissements annuels et l’usure influent également sur la position de la pointe à un moment donné, pouvant conduire à surestimer ou sous-estimer l’âge d’un individu.

Chez les femelles, les cornes étant très souvent absentes ou peu développées, les seuls critères utilisables sur le terrain pour estimer l’âge des femelles sont : la taille, l’allure, la forme de la tête et le masque facial. Ces critères permettent de reconnaître :

  • les femelles de 1ère année (classe A) : membres paraissant longs et graciles, cage thoracique peu profonde, tête triangulaire, arête nasale prononcée, mâchoire inférieure effacée, masque facial absent ou limité à la pointe du museau ;
  • les femelles de 2e et 3e année (classe 1) : corps un peu plus massif, échine droite, tête encore triangulaire mais plus allongée, masque facial limité au pourtour des narines et à la mâchoire inférieure ;
  • les femelles de 4e, 5e et 6e année (classe 2) : corps massif, échine droite, tête longue et ellipsoïdale, museau large, orbites légèrement proéminentes, masque facial commençant à s’étendre sur le chanfrein et les orbites (« lunettes ») ;
  • les femelles plus âgées (classe 3) : corps massif, échine et flancs creusés, tête longue devenant rectangulaire, mâchoire inférieure saillante, museau large, orbites nettement proéminentes, masque facial envahissant le chanfrein, les joues et le pourtour des orbites.

Caractères biologiques

La biologie du Mouflon méditerranéen est relativement bien connue.

Régime alimentaire

Le régime alimentaire du mouflon méditerranéen se caractérise par son éclectisme et son extrême faculté d’adaptation. L’éventail des plantes utilisables par cet animal est impressionnant puisqu’il recouvre des centaines d’espèces appartenant à tous les embranchements du règne végétal : phanérogames, fougères, champignons, mousses et lichens.
Ce sont cependant les plantes herbacées, les feuilles d’arbustes et de buissons qui forment le fond de son alimentation dans la plupart des régions. Mais les proportions des différents types de plantes consommées varient considérablement suivant les saisons, le besoin de nourriture fraîche déterminant les préférences alimentaires saisonnières. Le nombre d’espèces consommées peut être élevé mais le nombre de celles qui constituent son régime de base est infiniment plus restreint.

Son régime alimentaire dépend aussi des conditions bioclimatiques locales. Ainsi, d’autres végétaux tels que les feuilles et les jeunes pousses d’arbres, feuillus et conifères, les fruits (baies, glands, faines, châtaignes) ou encore les écorces, les mousses et les lichens, peuvent jouer un rôle important à certaines saisons voire toute l’année. Mais, le plus souvent, ces aliments ne sont utilisés qu’aux périodes où les feuilles d’arbustes et les plantes herbacées font défaut, particulièrement en hiver et au printemps dans les biotopes où l’enneigement est abondant et durable. C’est aussi dans ce type de biotopes que les mouflons s’attaquent aux rameaux et aux jeunes pousses de conifères, alors qu’ils éprouvent généralement peu d’attirance pour ces espèces, mais ils occasionnent rarement des dégâts importants aux peuplements comparativement à d’autres ongulés.

Le mouflon satisfait ses besoins en eau, en majeure partie, par l’absorption de végétaux frais et, dans une moindre mesure, en s’abreuvant. Cependant ses besoins en eau de boisson peuvent varier sensiblement suivant les conditions climatiques locales et les saisons, en fonction de l’état de dessiccation de la végétation.
Comme la plupart des ongulés, les mouflons sont friands de sel, particulièrement les femelles en lactation.

Rythme d’activité

Actif toute l’année, son domaine vital s’étend sur quelques centaines d’hectares et comprend plusieurs domaines saisonniers, recouvrants ou distincts et alors plus ou moins éloignés (parfois séparés de plusieurs kilomètres). En été, il recherche la fraîcheur (parties hautes de son habitat, pentes au nord ou pourvues d’abris rocheux, de ravins ombragés ou de végétation dense). En automne, il descend vers les parties médianes. En hiver, la neige ne lui convenant pas, il occupe les pentes d’exposition sud ou les fonds de vallées. Au printemps, il regagne les secteurs les plus élevés en suivant apparemment la repousse de la végétation.

Il consacre une grande partie de la période diurne à s’alimenter (ses possibles activités nocturnes, notamment en été, sont méconnues). Le reste de la journée est consacré au repos et à la rumination, aux déplacements, aux relations sociales… Pendant le rut, les mâles adultes s’alimentent de façon très irrégulière et se déplacent beaucoup, alors que les femelles modifient peu leur rythme d’activité.

C’est un animal sociable. Le groupe matriarcal (la femelle, son agneau et son jeune de l’année précédente) est la structure sociale la plus stable. Il vit en groupes dont la taille et la composition varient en fonction des saisons. C’est à l’époque du rut, qu’il est le plus grégaire. Il vit alors en groupes mixtes : groupes matriarcaux instables et mâles d’âges divers qui se déplacent de groupe en groupe ; ce grégarisme est renforcé par le manteau neigeux. Dès la fin du rut, les groupes matriarcaux vivent séparés des groupes de mâles. Puis, à l’époque des naissances, les femelles adultes s’isolent pour mettre bas, laissant leurs jeunes avec d’autres femelles. Ensuite, les groupes matriarcaux se reforment toujours séparés des mâles, qui ne les rejoindront qu’à l’approche du rut suivant.

Reproduction et Survie

Maturité sexuelle : un an et demi chez mâles et femelles ; très rarement dès la première année chez les femelles.
Rut : une fois par an, il dure 2 mois environ sur une période variable (octobre-novembre) suivant les populations ; le mâle est polygame.
Durée de la gestation : environ 5 mois.
Naissances : un seul agneau par femelle ; les naissances, groupées sur une durée variable ont lieu une fois par an à une période variable (mi-mars à fin avril) suivant les populations.
Les mises bas ont lieu dans des sites abrités (arbres morts, broussailles, blocs de rochers…) ; l’agneau se déplace avec sa mère dès ses premières heures de vie.
Allaitement actif : 2 à 3 mois et plus.
Survie : en conditions favorables et normales, la survie annuelle est élevée dans toutes les classes d’âge et de sexe.

 

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